Friday, May 21, 2010

On va à la pêche!

Je suis à Bunaken, une petite île de Sulawasi en Indonésie.  Il y a deux types de travail sur l’île: la pêche et la plongée sous-marine. J’avais déjà exploré la plongée sous-marine alors je me suis dis que je devrais peut-être m’introduire dans la peau d’une pêcheuse puisque j’avais un peu de temps à tuer. J’habite avec une famille de Bunaken and l’homme de la maison, Barto, est un pêcheur. Le plan est donc de passer une journée à la pêche aux thons avec 11 hommes qui ne parlent pas mon language.

Je ne suis pas adepte de la p;eche je dois dire. Pas de sensation d’accomplissement venant du fait de capturer un beau gros poisson. Ce sont des animaux et de les tuer me ferait vraiment mal au coeur. J’en mange par contre…J’ai déjà quelques expériences de pêche utilisant un bâteau à rames et il était facile pour moi de seulement rester assise à lire un livre, espérant faire assez de bruit dans le fond du bâteau pour éloigner les poissons de la canne à pêche du petit ami.   Peut-être ai-je été vraiment efficace ou il était vraiment pas très bon mais nous n’avons jamais attrappé de poissons! 

Il est 3:30 am et je dois me lever. Bien sûr j’ai extrêmement mal dormi, j’étais trop excitée et je ne voulais pas passer tout droit. Nous marchons dans le noir vers la plage et c’est un peu bizarre parce que les rues sont quand même animées à cette heure, ils vont tous pêcher. Nous restons assis sur la plage pour un bout de temps. On attend les autres pêcheurs qui sont en retard et un des hommes doit aller chercher le bâteau pour le rapprocher du rivage. Pas assez proche je trouve. J’ai mouillé mes shorts pas mal au complet pour monter dans le bâteau.  Hein, c’est un matin pluvieux de toute manière alors je serai mouillée dans pas bien long. On y va!

La journée est divisée en deux tâches, les petits poissons et les gros poissons. La première tâche est de prendre assez de petits poissons dans les filets pour les utiliser comme appât pour les gros poissons. Le bâteau est placé dans une partie peu profonde et nous attendons un peu en regardant la surface de l’eau. Soudainement, les hommes se mettent à crier comme des enfants, tout excitées et pointant du doigt dans une direction. Certains sautillent même! Le bâteau tourne de bord le plus vite possible et il commence à mettre un côté du filet à l’eau suivi d’un homme. À mesure que le filet est mis à l’eau, les hommes se jettent à l’eau à intervalle. Ils tiendront le filet au fond pour ne donner aucune chance aux poissons de se glisser sous le filet.  Ils portent un masque de plongée et regarde au fond de l’eau encore excités. Une fois que tout le filet est à l’eau, le bâteau à complété une boucle pour que les deux extrémités du filet se joignent. Deux hommes commencent à tirer le filet dans le bâteau pendant que les autres surveillent les deux côtés du filet pour ne part qu’ils soient séparés.  Les petits poissons sont mis dans une partie de la calle qui contient de l’eau. On les garde en vie! C’est pendant cette étape que j’ai assisté à mes premiers meurtres. Un poisson trompette, deux poissons chat et un calmar ont été pris dans les filets et les pêcheurs les gardent. La quantité de petits poissons n’est pas assez grande alors ils devront relâcher le filet à peu près douze fois avant qu’ils décident que ce sera suffisant.  Ils sont mouillés et ont la chair de poule. Ils peuvent enfin se sécher et manger leur petit déjeuner. Nous sommes en direction du large à la recherche des gros poissons.

La deuxième tâche est de localiser les gros poissons, le thon.  Ce n’est vraiment pas facile dans cette immensité.  Pour les deux premières heures nous avons l’aide des dauphins. Le thon se tient proche des dauphins et tous suivent un banc de petits poissons. Il y a sur le bâteau un conducteur, un homme qui lancent les petits poissons par dessus la tête des huit pêcheurs et un homme qui garde le plancher le plus propre possible enlevant les petits poissons échappés. 

C’est la façon traditionnelle de pêcher en Indonésie, utilisant des pôles de bamboo. Il y a une ligne à pêche le long des pôles et ils utilisent des hameçons qu’ils fabriquent eux-même. Quand les dauphins ne sont plus là, il devient très difficile de savoir où ils sont ces thons. Une chance qu’ils sautent au-dessus de l’eau pendant qu’ils mangent les petits poissons.  Tu dois observer la surface de l’eau attentivement et essayer de repérer un endroit où il y a un peu d’écume blanche. Ensuite, c’est de se rendre assez rapidement pour ne pas le manquer et de commencer à lancer de petits poissons pour attirer les thons. Quand vous entendez les pêcheurs crier, c’est que les thons suivent le bâteau et la pêche peut commencer.  Ils abaissent le bamboo dans l’eau et le bouge de haut en bas. Ils sont huit assis en rangée à l’arrière du bâteau alors quelques fois, leurs lignes s’entremêlent. Quand un thon mord à l’hameçon, la pôle de bamboo se plie et le pêcheur se penche vers l’arrière jusqu’à ce que le poisson puisse être tenu sous le bras pour qu’ils enlèvent l’hameçon. Ça semble vraiment épuisant!

Le premier thon à se retrouver au plancher est impressionant. C’est beaucoup plus gros que ce qu’on pêche au Québec et même si j’en avais vu au marché, ceux là se bougent en titi. Beaucoup de sang et donc je suis sûre qu’ils souffrent au moins un peu ces pauvres bêtes. C’est difficile à regarder mais je continue de me dire que c’est la façon qu’ils gagnent leur vie et ce n’est pas comme s’ils trichaient! Le moment le pire est lorsqu’un des hommes a commencé à assommer les thons pour les mettre dans la calle où ils mourront. 

Ils ont attrapé 63 thons ce jour là. Les pêcheurs étaient un peu découragés puisque tout le mois de Mai a été mauvais. Les petits poissons sont difficiles à attrapper et ça affecte la quantité qui peut être utilisée comme appât. En Mars et Avril, ils ont eux des journées retournant avec 400 thons. Ça change un salaire puisqu’ils se séparent également ce qu’ils pêchent. Nous avons terminé la journée au marché au coucher du soleil. Ils obtiennent 50000 rupias par thon ce qui est environ  7$.

La journée a été vraiment bien. Quelques moments où les hommes parlaient entre eux en me regardant et riant ce qui est toujours un peu fatiguant. J’aurais bien aimé savoir ce qu’ils disaient mais personne ne pouvait traduire.  Il y a aussi le moment où je me suis enfin décidé à demander si je pouvais sauter à l’eau. J’avais vraiment besoin de faire pipi.  Ils ont tous regardé mon bikini et ma peau blanche en masse tout en faisant des commentaires bien sûr. Même les gars sur l’autre bâteau à côté ont trouvé le moment intéressant. Je n’aurais pas cru que ça aurait tant d’impact. J’étais vidée à la fin de la journée, un petit peu brûlée par le soleil et le vent. Mes lèvres souffrent encore.

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